Des partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ont profité des attentats de Bruxelles du 22 mars pour défendre leur cause. Instrumentalisation bonjour.
Au moins 31 morts et 250 blessés. Le lourd bilan des attentats survenus le 22 mars à Bruxelles, à la suite de plusieurs explosions à l’aéroport international de Zaventem et une autre à la station de métro de Maelbeek, a fourni un « argument » supplémentaire outre-Manche à certains partisans du Brexit. Ceux-ci ont en effet érigé les attaques d’hier en totem de « l’insécurité » de l’Union européenne. Après les anti-Brexit présentant le maintien dans l’U.E comme un rempart contre une « invation de migrants« , voici donc les pro-Brexit qui agitent la peur du terroriste venu d’ailleurs.
La liberté de circulation dans le viseurMike Hookem, le porte-parole du parti europhobe Ukip, a ainsi déclaré deux heures seulement après les explosions, que « ces horribles actes terroristes nous montrent que la liberté de circuler et le contrôle laxiste des frontières de Schengen sont des menaces pour la sécurité » des Britanniques. Mike Hookem étaye son réquisitoire contre la libre circulation communautaire, en se basant sur des données communiquées en février par Europol. L’office européen de police expliquait alors qu’entre 3.000 et 5.000 djihadistes potentiels avaient pu regagner l’Europe. Parmi eux, « 94 vivent à Molenbeek, à Bruxelles », soutient désormais le porte-parole d’Ukip. « Ce seul constat devrait alerter les gens sur le fait que l’ouverture des frontières expose la vie des Européens à des risques », renchérit Mike Hookem.
Plus mesuré que Mike Hookem, le leader du Ukip s’est dit « très contrarié par les événements de Bruxelles et encore plus inquiet pour le futur ». Mais Nigel Farage a retweeté ce mardi une publication d’Allison Pearson, éditorialiste au Telegraph. Alors que la majorité de la presse britannique soutient le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, la journaliste n’hésite pas à reprendre l’argumentaire de Mike Hookem : « Bruxelles, de facto capitale de l’UE, est aussi la capitale européenne du djihadisme. Et les anti-Brexit osent dire que nous serons plus en sécurité dans l’UE !« , peut-on ainsi lire sur le réseau social.
Brussels, de facto capital of the EU, is also the jihadist capital of Europe. And the Remainers dare to say we’re safer in the EU! #Brexit
— Allison Pearson (@allisonpearson) 22 mars 2016
Allison Pearson charge encore plus violemment l’Union européenne dans un édito publié mardi après-midi, dans lequel elle soutient que « des hommes et des femmes innocents ont été sacrifiés sur l’autel de la libre circulation ». Et va jusqu’à citer Nicolas Sarkozy : « Appelant à la fin de l’accord sur l’ouverture des frontières en Europe, l’ancien président Sarkozy disait : ‘Si nous ne réagissons pas dans les années qui viennent, notre système social explosera’. Exactement »…
A trois mois du referendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne, David Cameron estime que « les remarques de ce genre ne sont pas pertinentes à l’heure qu’il est ». Même son de cloche du côté de la mairie de Londres, où Boris Johnson, pourtant leader du camp pro-Brexit chez les tories, s’est dit « choqué et attristé par les événements à Bruxelles », avant de déclarer « vouloir tout mettre en œuvre pour que les attaques de Bruxelles n’aient pas lieu dans (sa) ville ». La responsabilité, meilleur remède contre l’instrumentalisation ?
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