Donald Trump sera-t-il victime d'un front républicain ?

Alors qu’il enchaîne les victoires dans la course à l’investiture républicaine, Donald Trump doit faire face à une forte contestation au sein même du parti qu’il souhaite représenter lors de l’élection présidentielle de novembre.

Mardi 22 mars, les électeurs républicains ont voté dans l’Arizona (primaire) et dans l’Utah (caucus). Donald Trump a remporté l’Arizona (47% des voix) et ses 58 délégués, loin devant Ted Cruz (14%) et John Kasich (10%). Le sénateur du Texas a gagné les caucus de l’Utah et ses 40 délégués, en écrasant (69% des suffrages) ses concurrents John Kasich (17%) et Donald Trump (14%).

« Expulsez Trump ! », « Construisez un mur autour de Trump ! », pouvait-on lire samedi 19 mars sur les pancartes brandies par des centaines de New-Yorkais. Défilant devant l’une des tours du magnat de l’immobilier, les manifestants ont dénoncé le « racisme, le sexisme et (la posture) anti-gay » du candidat, faisant référence à ses (trop) nombreuses sorties de route sémantiques. Mais aussi aux violences répétées qui jalonnent sa campagne, comme lorsqu’un de ses partisans a frappé au visage le 9 mars un opposant noir lors d’un meeting en Caroline du Sud.

Au-delà de la contestation dans une ville à majorité démocrate, la popularité de l’homme d’affaires inquiète parmi les rangs mêmes des sympathisants républicains : « Il est perçu négativement par la majorité des sympathisants historiques », affirme à Marianne Pierre Toullec, président de l’association GOP France, qui rassemble les « amis » du Parti républicain en France. Pour Pierre Toullec, les mots « extrêmement violents » utilisés par Donald Trump « incitent les militants à être agressifs » avec les manifestants. Et de soutenir que le leader de la primaire endosse « une véritable responsabilité » quant aux affrontements qui émaillent ses meetings.

Une politique économique « trop à gauche »Plus largement, le président de GOP France explique le désamour de ses « camarades » envers Donald Trump par son rejet total – et « mal vu » – de l’immigration et par sa politique économique, qui elle est « trop à gauche ». En soutenant le système de protection sociale initié par Barack Obama et en dénonçant les accords de libre-échange, le New-Yorkais se démarquerait trop du projet économique classique chez les républicains. Une doxa libérale « qu’incarne davantage Ted Cruz », en défendant « moins d’impôts, moins de réglementations, et plus de libre-échange ».

Mitt Romney sonne la charge anti-Trump

Plus grave encore pour le trublion, une partie de l’état-major des Républicains partage ces inquiétudes. Leur candidat malheureux face à Barack Obama en 2012, Mitt Romney, a annoncé le 18 mars qu’il voterait pour Ted Cruz ce mardi lors des caucus de l’Utah. Un scrutin qu’a d’ailleurs remporté le sénateur du Texas, raflant 69% des voix, loin devant Donald Trump (25%). « Avec les déclarations calculées de son leader, le trumpisme est désormais associé au racisme, à la misogynie, à la bigoterie, à la vulgarité et, plus récemment, aux menaces et à la violence », s’est justifié Mitt Romney, qui se dit « révulsé par tout cela ». Il est rejoint par John McCain, le candidat du GOP en 2008, qui a déclaré que « la politique intérieure (de Donald Trump) nous conduirait à la récession. Sa politique étrangère rendrait l’Amérique et le monde moins sûrs ».

Ted Cruz favori du GOP et de Jeb BushPour contrecarrer la candidature Trump, les caciques républicains misent sur le cheval texan Ted Cruz. « Si Marco Rubio et John Kasich sont éliminés, alors Ted Cruz bénéficierait de leur soutien et pourrait battre Trump », appuie Pierre Toullec. Le retrait du sénateur de la Floride lors de sa cuisante défaite dans son propre Etat le 15 mars est venu renforcer un peu plus sa prévision. Le soutien, annoncé ce mercredi 23 mars, de Jeb Bush à Ted Cruz peut également donner du crédit à une victoire du Texan. L’ancien gouverneur de la Floride et mentor de Marco Rubio, qui – comme lui – a abandonné la course à l’investiture républicaine, a expliqué que « Ted (Cruz) est un conservateur sérieux, qui a démontré sa capacité à rassembler les électeurs pour remporter les primaires, dont les caucus hier dans l’Utah ».

I am endorsing @TedCruz. Ted is a consistent, principled conservative who has shown he can unite the party. https://t.co/znDl9GrNZC

— Jeb Bush (@JebBush) 23 mars 2016

L’avance de Trump sur ses concurrents et les sondages flatteurs augurent mal de la réalisation d’un tel scénario. Mitt Romney estime donc qu’il resterait « une chance pour nommer un autre candidat républicain » que Donald Trump : qu’aucun des concurrents n’obtienne la majorité absolue des délégués requise (1.237) au terme des primaires qui s’achèvent fin juin. « A ce stade, la seule manière de parvenir à une convention ouverte est que le sénateur Cruz remporte le plus de primaires restantes possibles », anticipe Mitt Romney. Une situation qui déboucherait sur une convention d’investiture ouverte du 18 au 21 juillet, où le parti pourrait choisir un autre candidat. Le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, a abondé en ce sens, estimant le 17 mars qu’une convention ouverte « pourrait très bien devenir une réalité ». Ce qui, prévient Donald Trump qui tente de conjurer cette perspective, provoquerait « des émeutes »… 

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