Le magazine “Causette” a mis en ligne des extraits d’emails échangés entre les services du ministère des Affaires étrangères et ceux de l’Elysée pour préparer la remise, vendredi dernier par François Hollande, de la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite… Le cynisme y est à son paroxysme.
Les coulisses sont rarement belles à voir. Cela se confirme encore avec la révélation, par le magazine Causette, des échanges qui ont précédé la scandaleuse remise, par François Hollande vendredi dernier, de la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed ben Nayef, également ministre de l’Intérieur du royaume wahhabite.
Devant le tollé suscité quand la nouvelle a été rendue publique par une agence saoudienne, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault avait eu lundi cette réponse : « Il y a parfois des traditions diplomatiques qui peuvent étonner, il faut le prendre comme tel« .
Spoiler : ceux qui se sont émus du cynisme de Jean-Marc Ayrault seraient inspirés d’arrêter ici leur lecture…
Hors micros et caméras, on se rend compte à la lecture des emails dévoilés par Causette que le cynisme a, de fait, présidé à la décision de cette décoration. Où l’on retrouve Bertrand Besancenot, ambassadeur de France en Arabie saoudite depuis 2007 et dont Marianne révèle cette semaine la fascination qu’il semble éprouver pour l’Arabie saoudite, tant il n’a de cesse de “vendre” le Royaume à Paris.
Le 2 mars, au sujet de la légion d’honneur, Bertrand Besancenot écrit à David Cvach, conseiller de François Hollande pour le Moyen-Orient, pour lui enjoindre de décorer le prince, “à un moment où il souhaite renforcer sa stature internationale” :
“Je sais que certains s’interrogent sur l’opportunité de décorer maintenant le prince héritier (…) Certes, le royaume n’a pas bonne presse, mais je crains que l’amélioration de son image prenne du temps…”
Réponse favorable de Jérôme Bonnafont, directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient du cabinet de Jean-Marc Ayrault , qui précise :
“Il faut que ce soit discret vis-à-vis des médias mais sans dissimulation (…), si on nous interroge on répondra lutte contre Daech et partenariat économique et strategique. Rajoutons, pour faire bonne mesure, des éléments droit de l’homme dans les éléments de langage bien sûr.
“Pour faire bonne mesure”, donc. Les droits de l’Homme. En France. On vous avait prévenus : le cynisme est à son paroxysme…
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