Etudiants contre la loi Travail : une journée sous le signe du "revival" anti-CPE

Au moins 30.000 manifestants se sont rassemblés ce mercredi 9 mars contre la loi Travail de Myriam El Khomri, place de la République à Paris. Parmi eux, des cortèges étudiants venus de toute la capitale ont tenté de ranimer l’esprit du CPE, dix ans après.

La place de la République est quasi-noire de monde ce mercredi après-midi. L’Appel du 9 mars, mouvement citoyen qui a porté sur Internet l’opposition à la loi Travail, a donc été entendu « in real life ». Trente mille selon la police, 100.000 assurent les syndicats, les manifestants réalisent à Paris une première journée de mobilisation réussie. Parmi eux, quelques milliers d’étudiants et de lycéens parisiens donnent de la voix. Pour la plupart, il s’agit de leur première manifestation. Le souvenir des grandes mobilisations anti-CPE a déjà dix ans…

Plus tôt dans la journée, rue Tolbiac, une dizaine de syndicats étudiants de gauche et d’extrême gauche tiennent une assemblée générale « décisive », afin d’entraîner dans la rue le plus grand nombre d’étudiants du centre Mendès-France de La Sorbonne. La matinée commence sous de bons auspices : près de 700 étudiants se massent dans le grand amphi, après avoir déménagé de la salle – bien plus petite – prévue la veille. A la chaire, les orateurs se succèdent dans une ambiance bon enfant. Les membres du « NPA jeunes » s’occupent de faire le show, lançant des piques acérées à l’encontre du gouvernement, qu’ils appellent à « dégager », obtenant sans grande difficulté que la salle se mette à scander des appels à la démission de Manuel Valls.

« Valls démission ! »
Ça chauffe à l’AG Paris1 Tolbiac avant la manif contre la #Loitravail #greve9mars pic.twitter.com/84qWfMitE1

— Nicolas Rinaldi (@nicolasrinald1) 9 Mars 2016

Génération CPE et génération El Khomri

Au côté du folklore assuré par ces jeunes premiers, quelques « anciens » prennent le rôle des grands frères revenus de la grande époque. Guillaume, militant NPA, témoigne ainsi être « l’un des rares à avoir connu le CPE en tant qu’étudiant ». Le dernier des Mohicans se félicite de cette journée, soulignant qu’il « n’y avait pas eu de telle mobilisation » de la jeunesse depuis dix ans, mais prévient aussi ses cadets qu’une journée n’y suffira pas : « Pour avoir un impact, la mobilisation doit tenir dans la durée… »

A quelques kilomètres de Tolbiac, à l’université Pierre et Marie Curie, on se souvient aussi des grandes manifestations du printemps 2006 contre le gouvernement de Dominique de Villepin. Jean-Marie Maillard, secrétaire de la section du syndicat national des chercheurs scientifiques, se souvient avec des étoiles dans les yeux de cette « victoire » qu’il érige aujourd’hui en exemple. Un message que reçoivent pourtant très peu d’étudiants de Paris 6, dispersés dans un amphi à moitié rempli. Une assemblée générale « bien calme », regrette Julie, selon qui « le sens du collectif était beaucoup plus présent avant ». Aujourd’hui, analyse cette employée de la faculté, « il est mal vu d’être syndiqué », la faute à l’autonomie des universités qui a renforcé l’individualisation du traitement du personnel.

La déception palpable de certains représentants de la « génération CPE » ne contamine pas pour autant dans les rangs des équipes syndicales, depuis renouvelées. « Enormément d’étudiants sont mobilisés aujourd’hui, dans plus de 50 AG, partout en France. Ce premier pas est très concluant », se réjouit Nelson, jeune cadre de l’UNEF. Un optimisme partagé par Gaël, son homologue élu à la direction locale du syndicat. En tête du cortège de Tolbiac qui rejoint en début d’après-midi la place de la République, le jeune homme se dit « très content de la mobilisation » de ses camarades. Reste à faire vivre cette « génération El Khomri » jusqu’à la deuxième mobilisation étudiante, prévue le 17 mars.

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