Le projet de loi El Khomri continue de faire des dégâts. Après la pétition pour son retrait qui a atteint le million de signatures, voilà que les quelques partis pro-gouvernement commencent à faire savoir leur opposition au projet. C’est le cas du Mouvement des progressistes, la formation du pourtant très hollandais Robert Hue, qui réclame le retrait du texte, « véritable coup de poignard dans notre modèle social », selon son porte-parole, le député-maire Jean-Noël Carpentier.
Rien ne va plus dans le camp de la majorité. Avec cette réforme du code du travail, François Hollande, en plus de soulever l’opinion contre lui, est en train de se couper des dernières forces politiques qui le soutenaient encore. Elles ne sont pas légion, certes. Mais avec le projet de loi El Khomri, les derniers pro-hollande pourraient bien finir pas tenir meeting dans une cabine téléphonique. Preuve en est, le mouvement des progressistes, fondé en 2009 par l’ancien secrétaire national du PCF Robert Hue, en rupture de ban avec ses camarades communistes, se désolidarise du gouvernement. Et n’a pas de mots assez durs contre ce texte qui « balaie de manière radicale des acquis sociaux mis en œuvre depuis plus de 80 ans. Ces avancées sociales, fruit de combats sans cesse renouvelés du monde du travail, ne peuvent et doivent pas être rayées d’un trait de plume« , comme le décrit un communiqué du mouvement publié dès le 21 février.
Réunion du bureau national @mdProgressistes Projet de loi #ElKhomri : on n’en veut pas ! Et un projet de loi pour la jeunesse, c’est quand ?
— NADOT (@SebastienNadot) 7 mars 2016
Pour le mouvement de Robert Hue, la situation est on ne peut plus claire : « Projet de loi El Khomri : on n’en veut pas ! », clame ainsi sur Twitter Sébastien Nadot, ancienne tête de liste du mouvement aux sénatoriales de 2014. Une position radicale également partagée par Jean-Noël Carpentier, député-maire du Val d’Oise et porte-parole du Mouvement des progressistes (MDP) : « C’est la philosophie même du projet porté par la ministre Myriam El Khomri qui est en cause. C’est un pas de plus dans une dérive libérale qui nous éloigne de plus en plus du programme de 2012″, lâche-t-il auprès de Marianne. Et ne comptez pas sur lui pour être conciliant. « Nous demandons le retrait pur et simple de ce texte qui est un véritable coup de poignard dans notre modèle social ».
A la différence des autres petits mouvements qui fondent la majorité présidentielle, que ce soit le Front démocrate de Jean-Luc Bennahmias ou Ecologistes des anciens EELV Jean-Vincent Placé et François de Rugy, le MDP semble bien décidé à ne plus jouer les partis godillots. « Il y a une triste réalité depuis quelques mois, c’est une dérive libérale du gouvernement de Manuel Valls. Et cette dérive-là, il faut la stopper. Cela devient casse-pied », s’agace le député-maire. Et si le gouvernement souhaite poursuivre dans ce « jusqu’au-boutisme d’une politique libérale qui ne marche pas », précise-t-il, le Mouvement des progressistes sera « dans le camp de ceux qui s’opposent au texte tel qu’il est aujourd’hui présenté ».
La rupture est-elle définitivement actée ? Le porte-parole se veut moins définitif que ça : « Le quinquennat n’est pas fini, il est encore possible de faire bouger les lignes », explique-t-il. Il n’empêche, la loi El Khomri, « ce coup de poignard donné à notre modèle social », répète-t-il encore, est suffisamment grave pour que Jean-Noël Carpentier se fasse solennel : « J’en appelle au Président de la République. La balle est dans son camp. C’est à lui de prendre ses responsabilités. C’est lui qui tranche in fine. »
Au risque que François Hollande, en cas de candidature pour l’élection présidentielle de 2017, ne doive se contenter de le salle des fêtes de Tulle plutôt que de la Mutualité pour réunir ses derniers supporters.
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