Les exigences des juifs ultra-orthodoxes qui revendiquent l’application stricte de la Torah posent de plus en plus de problèmes en Israël, notamment dans les transports, où hommes et femmes, disent-ils, doivent être séparés. Une octogénaire américaine en a fait la désagréable expérience sur un vol Newark-Tel Aviv et le raconte ce week-end dans le New York Times.
Il n’a pas pu supporter la présence d’une femme à ses côtés dans l’avion. Alors il a demandé à la compagnie aérienne de la déplacer.
Madame Rabinowitz, 81 ans, une avocate à la retraite qui vit actuellement en Israël, a ainsi eu la mauvaise expérience de faire la connaissance de ce juif ultra-orthodoxe pour qui la Torah, du moins l’interprétation rigoriste qu’il fait du texte, lui interdit strictement d’approcher la gent féminine. En décembre dernier, dans l’avion qui les ramenaient de Newark à Tel-Aviv., ils étaient initialement assis dans la même rangée. Jusqu’à ce que Madame Rabinowitz doive plier bagage.
Car plutôt que de déplacer le religieux, un homme à l’allure « distinguée », la « cinquantaine », décrit-elle au New York Times, dans un article repéré par Slate, la compagnie aérienne israélienne « El Al » a accepté de céder à la demande de ce dernier et d’éloigner la vieille dame. « Canne » à la main, à cause de son « genou » douloureux, Madame Rabinowitz s’est par conséquent vue priée de changer de place.
« L’hôtesse de l’air m’a traitée comme si j’étais stupide, raconte-t-elle au quotidien américain. Mais c’est un problème récurrent en Israël si vous ne parlez pas l’hébreu. (…) Ils pensent automatiquement pouvoir vous rouler. » Las ! Madame Rabinowitz a décidé de porter plainte contre la compagnie aérienne pour discrimination, aidée par un lobby qui veut prouver que la compagnie aérienne a cédé à ce sexisme. Elle-même élevée dans la religion juive, Madame Rabinowitz a été mariée deux fois, à deux rabins. Elle explique au New York Times ne pas du tout se considérer comme anti-orthodoxe « du moment qu’ils ne me disent pas ce que j’ai ou non le droit de faire.»
« Pour moi ce n’est pas une question personnelle, c’est une question intellectuelle, idéologique, et juridique, poursuit-elle. Je me dis : je suis là, une femme âgée, éduquée, j’ai voyagé, et un type peut décider, comme ça, qu’il ne veut pas que je m’asseye près de lui. Au nom de quoi ? »
Il y a une semaine, ce sont deux écoles juives orthodoxes, de Londres cette fois-ci, qui ont été épinglées pour avoir « rhabillé » voire totalement supprimé des femmes de leurs manuels scolaires…
En 2012, écrit Slate, la presse israélienne s’était déjà fait l’écho des problèmes récurrents posés par les ultra-orthodoxes, qui « représentent aujourd’hui 10% de la population en Israël. » . Un phénomène en hausse qui « coïncide avec de récents incidents impliquant des juifs religieux orthodoxes ayant insisté pour que la séparation des sexes soit respectée dans certains quartiers israéliens, dans les bus publics, sur les bancs publics, et même aux caisses dans les supermarchés et les magasins« , s’était alarmé le quotidien israélien Haaretz. Au point bientôt d’interdire l’accès aux femmes lorsqu’une telle séparation n’est pas respectée, comme en Arabie Saoudite ?
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