Dur, dur, d’être écologiste dans le gouvernement de Manuel Valls. Surtout lorsque Ségolène Royal s’amuse à lâcher des petites bombes, comme ce dimanche 28 février, en annonçant son intention de donner son « feu vert » au prolongement de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir…
« Etre écologiste dans le gouvernement de Manuel Valls, ce n’est vraiment pas une sinécure », aurait pu chanter Renaud. La preuve encore avec cette dernière sortie de Ségolène Royal, ce dimanche 28 février, sur le nucléaire. En annonçant sur le plateau du 12/13 de France 3 qu’elle était prête « à donner (son) feu vert » pour le prolongement de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises (passant de 40 à 50 ans), la ministre de l’Ecologie a donné du grain à moudre à tous ceux qui critiquaient l’entrée d’écologistes au gouvernement lors du dernier remaniement. Ainsi, le secrétaire national d’EELV par intérim, David Cormand , s’est empressé de réagir sur Twitter : « J’apprends que Royal Ségolène met à mort la Loi de Transition énergétique en prolongeant les centrales nucléaires de 10 ans. L’écologie, c’est fini ».
De #Barjac et après #NDDL j’apprends que @RoyalSegolene met à mort la #LTE en prolongeant les centrales nuc de 10ans. L’écologie c’est fini.
— David Cormand (@DavidCormand) 28 février 2016
Une sentence qu’il a précisée ce lundi 29 février, au micro de la matinale de France Info, en poussant même un peu plus loin la chansonnette : « C’est le seul acquis » de la loi sur la transition énergétique, « qui tombe » désormais », a-t-il pointé. Et de conclure : « Continuer à croire que le gouvernement peut agir pour l’écologie est une faute », « les écologistes d’EELV avaient été assez lucides en 2014 (…), il n’est plus possible de faire de l’écologie dans ce gouvernement ». Un couplet repris en cœur par l’un des porte-paroles du parti écologiste, Julien Bayou, qui a dénoncé dimanche une « Royal irresponsable : prolonger les centrales nucléaires c’est faire courir des risques aux Français. Et retarder le développement des renouvelables. »
Royal irresponsable: Prolonger les centrales nucléaires c’est faire courir des risques aux Français. Et retarder le dev des renouvelables.
— Julien Bayou (@julienbayou) 28 février 2016
.@RoyalSegolene Le réalisme économique, c’est tourner la page du #nucléaire cher et dangereux pour engager le dév des renouvelables.
— Julien Bayou (@julienbayou) 28 février 2016
Même l’ex-EELV François de Rugy, pourtant très hollando-compatible, s’est montré gêné par cette prise de position de la ministre de l’Ecologie. Sur BFMTV, il a ainsi jugé que « que ça ne va pas dans le sens de la LTE qui a été adoptée l’année dernière et qui vise à rééquilibrer la production d’électricité en France entre renouvelable et nucléaire à l’horizon 2025 ». Si même de Rugy s’inquiète…
Heureusement pour les trois écolos du gouvernement, le député Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale et membre d’EELV, est monté au créneau pour tenter de déminer la situation. Sur Twitter, il a expliqué que « le facteur le plus limitant pour la prolongation des réacteurs nucléaires, c’est qu’EDF n’en a pas les moyens ». Contacté par Le Scan, il a relativisé les réactions de ses petits camarades de parti : « Les habituels protestataires protestent… Il ne faut pas s’en tenir au seul titre des dépêches de presse. Ségolène Royal n’a fait que préciser le cadre de la réduction de la part du nucléaire prévu dans la LTE. Pour accompagner une sortie progressive du nucléaire, il est nécessaire de prolonger la durée de vie de ceux qui existent, ce qui permet de ne pas en construire de nouveaux. (…). Confronté au manque de moyens, EDF ne devrait pas restaurer les centrales les plus anciennes ». Une ligne de défense qu’il a résumée dans un tweet considérant que ce feu vert est « dans le cadre de la baisse à 50% de la part du nucléaire comme prévu par la loi transition énergétique ». Un message qu’Emmanuelle Cosse, la ministre écologiste du Logement, a retweeté sur son compte personnel… Merci qui ? Merci Denis !
D’ici à 2017, le chemin risque d’être long, très long, pour les écologistes du gouvernement…
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