Fawzia Zouari : "Kamel Daoud dérange le confortable angélisme sur l'islam"

Fawzia Zouari, journaliste et écrivaine tunisienne, a rejoint mercredi les défenseurs de Kamel Daoud dans une tribune publiée sur le site Jeune Afrique. « N’en déplaise à nos avocats autoproclamés, écrit-elle, de plus en plus d’intellectuels arabes refusent la vision d’un Orient lisse et innocent aussi erronée que celle d’un Orient obscurantiste et haineux. »

Une nouvelle voix s’élève pour soutenir Kamel Daoud. Cette voix, c’est celle de Fawzia Zouari, journaliste et écrivaine tunisienne. Dans une tribune publiée sur Jeune Afrique intitulée « Pourquoi Kamel Daoud a raison« , elle apporte son soutien à l’écrivain algérien « désormais cloué au pilori« . « Pourquoi ? », demande t-elle en préambule de son argumentation : simplement « parce qu’il a osé affirmer que les viols perpétrés à Cologne par des immigrés issus du monde arabo-musulman sont la conséquence logique d’une tradition portée sur la répression sexuelle et génératrice de frustration chez les jeunes« .

Comme lui, « de plus en plus d’intellectuels arabes refusent la vision d’un Orient lisse et innocent aussi erronée que celle d’un Orient obscurantiste et haineux. Ils ne veulent plus jouer les admirateurs béats de leurs propres traditions et réligions. Ni devenir les otages d’un monde occidental traumatisé par l’accusation d’islamophobie et plombé par les scrupules d’une gauche qui va jusqu’à leur dénier le droit d’aimer dans l’Occident l’espace de liberté et d’émancipation auquel ils aspirent« . Des propos qui rappellent ceux tenus il y a quelques mois par Elisabeth Badinter sur la défense de la laïcité : « Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobie« . Dans le fond, Fawzia Zouari veut montrer que « Kamel Daoud dérange le confortable angélisme sur l’islam et les musulmans« . Elle va jusqu’à qualifier l’auteur « d’essentiel pour nos sociétés prises au piège du conservatisme et de la bigoterie« .

Alors, oui, comme le soutient Kamel Daoud, il existe « une psychologie de la foule arabe« , écrit Fawzia Zouari :

« Oui, nous trimbalons une mentalité millénaire qui définit la femme comme un appât et une honte ; oui, il y a chez nous un rapport pathologique à la sexualité ; oui, il y a un racisme qui insinue qu’on peut violer une non-musulmane sans conséquences ; oui, certains nouveaux arrivants en Europe doivent se faire à l’égalité des sexes et à la laïcité ! »

L’écrivaine tunisienne compare les conclusions de ses contradicteurs à une « fatwa de plus contre l’Algérien« , lui qui ne fait que « dénoncer un puritanisme réel et [a] le courage de souligner les travers des siens« . Elle oppose à l’analyse de « balcon » des « intellectuels de Paris » celle d’un Kamel Daoud qui « vit sur le terrain« .

Fin janvier, l’écrivain algérien avait écrit que le tabou du sexe et du rapport à la femme dans le monde musulman pouvait expliquer la série d’agressions à caractère sexuel lors du Nouvel an à Cologne. En réaction, un collectif d’intellectuels avait publié le 11 février dernier une tribune dans Le Monde, dans laquelle ils l’accusaient de « recycler les clichés orientalistes les plus éculés« , et de tenir des propos qui « ne font qu’alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen« . En réaction, Kamel Daoud avait annoncé son retrait du journalisme

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