Vous voilà, cher Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères. Vous disposez donc de quatorze mois. C’est assez pour frapper un grand coup à la Robert Schuman quand, en 1950, il donna le signal de la construction européenne. Devenez l’homme de la reconstruction !
Vous voilà, cher Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères. Ce sera peut-être le poste ministériel le plus important de votre carrière, tant celui de Premier ministre, qui fut le vôtre de 2012 à 2014, est cadenassé, dévolu par la Constitution et la coutume à une fonction sacrificielle. Ce sera peut-être aussi le dernier, tant la gauche, pour une fois unanime, met d’ardeur à préparer pour l’an prochain le retour de la droite aux affaires. Vous disposez donc de quatorze mois. C’est trop peu pour devenir Vergennes ou Aristide Briand, mais assez pour frapper un grand coup à la Robert Schuman quand, en 1950, il donna le signal de la construction européenne. Eh bien ! Devenez l’homme de la reconstruction !
Car nous vivons, dans l’indifférence des citoyens, la houle montante des migrations et la hantise des attentats, un des événements les plus lugubres qui nous soient advenus depuis la Libération : la mort de l’Europe. Oh ! il restera toujours, faisons-leur confiance sur ce point, un tas de fonctionnaires à Bruxelles, d’interminables négociations, des nuits de la dernière chance et des réglementations sur les fromages à pâte molle. Et peut-être l’euro, oscillant entre un personnage en quête d’auteur, à la Pirandello, et le chevalier inexistant d’Italo Calvino. Mais l’Europe, l’Europe européenne, comme eût dit le Général, l’Europe-pouvoir, l’Europe-personne, l’Europe-espérance, celle-là se meurt, celle-là est morte. L’Europe, comme l’héroïne claudelienne, est aujourd’hui la promesse qui ne peut être tenue. Que l’on nous cite un seul événement, printemps arabe, hiver islamique, crise monétaire de 2008, où les institutions européennes auraient joué un rôle décisif. Trop occupée à «s’élargir» et à feindre de négocier une entrée dans l’Union avec le Grand Turc Erdogan devenu un despote, massacreur de ses Kurdes. Il n’existe désormais plus qu’une Europe, celle de l’imposture.
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