C’était attendu : l’entrée d’Emmanuelle Cosse au gouvernement passe pour beaucoup de militants écolos comme un acte de « haute trahison ». L’ancien secrétaire générale du parti fait face.
Elle dit « se mettre en retrait » d’Europe écologie les Verts (EELV) et souhaite à son ancien mouvement de « tracer sa route » sans elle. En devenant ministre du Logement, dans un gouvernement dont elle ne porte pas certains des principaux projets – à l’image de la déchéance de nationalité ou du projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes – Emmanuelle Cosse se voit accusée de haute trahison par certains militants. Son ralliement, après des mois, voire des années, à afficher son désaccord sur des sujets majeurs, passe pour une profonde incohérence. « Elle a trahi ses convictions », commente son successeur intérimaire à la tête d’EELV, David Cormand. Il n’est pas le seul à le penser.
Elle l’assure sur tous les tons ce vendredi sur France Inter : « Il n’y a eu aucun marchandage à mon entrée dans ce gouvernement […] A un moment, François Hollande m’a appelée, m’a dit qu’il voulait des écologistes dans ce gouvernement, qu’il connaissait mes positions, celles de mon parti, nos différends », affirme-t-elle à Patrick Cohen, comme un écho à François Hollande qui, la veille sur TF1 et France 2 avait juré qu’il n’avait fait « aucun calcul politicien » avec ce placement d’écolos au gouvernement, aucune tractation…
Mais l’argument ne passe pas toujours. Ce vendredi matin, un auditeur particulièrement remonté intervient sur les ondes de la radio publique et se dit sur le point de déchirer sa carte de militant EELV. Il accuse l’ancienne secrétaire générale du parti de « haute trahison » et résume son comportement à de l’ « égoïsme personnel ». La charge est violente :
« C’est complètement ahurissant de bêtise et d’égoïsme personnel. C’est complètement délirant de rentrer dans un gouvernement de droite qui est anti-démocratique, qui a des idées telles que celles sur la déchéance de nationalité. On est aux antipodes complet des valeurs, ne serait-ce que d’Europe Ecologie-Les Verts. T’as trahi tout ça ! T’as trahi tout le monde, tout ça pour avoir un poste de ministre. C’est complètement scandaleux ! C’est juste scandaleux ! »
Face à cela, Emmanuelle Cosse répond qu’elle n’a « ni l’impression d’avoir trahi [ses] convictions, ni [ses] engagements depuis 25 ans », et – encore – que le président de la République ne lui a pas demandé de se « renier » ses convictions. « Je ne fais pas ça par trahison, sinon cela voudrait dire que j’accepte que jamais nous n’agissions. J’étais en campagne il y a encore deux mois. 30%, 40% parfois des Français se sont portés vers un vote d’extrême droite. Il faut répondre à cette détresse », poursuit elle. Comme les Pompili ou Placé, Cosse est désormais totalement rangée au camp des écolos persuadés qu’ils doivent « être utiles dans l’action, là où il y a des arbitrages« , même si tout ne leur convient pas.
Au milieu de tous ses anciens alliés qui la critiquent, Cosse préfère retenir les mots aimables de « ceux qui préfèrent que ce soit [elle] dans ce gouvernement plutôt que de renoncer d’agir, y compris des amis très opposés à ce qui se passe dans le gouvernement…«
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