Famille, enfants, droits des femmes… le triptyque du nouveau ministère attribué à Laurence Rossignol ne passe pas. La ministre a donc tenté de le justifier ce vendredi matin.
En ce remaniement cru 2016, il en est une qui a vu son portefeuille grossir de façon conséquente… en gagnant une polémique au passage. Il s’agit de Laurence Rossignol : l’ancienne secrétaire d’Etat à la Famille, à l’Enfance et aux Personnes âgées passe au grade de ministre, perd les Personnes âgées et gagne… les Droits des femmes. Telle aura été l’évolution des droits des femmes depuis le quinquennat de François Hollande : d’abord portés par un ministère plein et entier sous l’égide de Najat Vallaud-Belkacem, puis par un secrétariat d’Etat sous Pascale Boistard et enfin, coincés désormais entre la famille et les enfants. Triptyque rétrograde, se sont offusquées nombre de féministes !
On se demande en effet pourquoi les droits des femmes doivent être rattachés à la famille et non à l’égalité réelle… objet d’un autre secrétariat d’Etat. Hurlements, ainsi, du côté d’Osez le féminisme qui écrit dans un communiqué :
« Relégués avec la famille et l’enfance. Situation inédite depuis Nadine Morano, alors ministre de la Famille et des Solidarités. François Hollande et Manuel Valls, à travers cette nouvelle composition, affichent tout leur mépris à l’encontre des droits des femmes, subalternes à la question de la famille et des enfants. »
Côté politique, Danielle Bousquet, (présidente du Haut conseil aux droits des femmes, rattaché au Premier ministre), Chantal Jouanno (sénatrice LR, présidente de la délégation Droits des femmes au Sénat) et Pascale Vion (présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du CESE) se sont associées pour s’inquiéter de ce « rôle stéréotypé » rappelé aux femmes avec l’intitulé du ministère :
« Mettre sous un même Ministère ‘la famille, l’enfance et les droits des femmes’, n’est-ce pas enfermer les femmes dans le rôle stéréotypé qui leur est assigné depuis des siècles : celui d’épouse et de mère ? (…)A cette aune-là, nous nous interrogeons sur le périmètre du Secrétariat d’Etat chargé de l’égalité réelle. Nous attendons des clarifications et des assurances du Gouvernement quant à son engagement en matière de droits des femmes et d’égalité entre les sexes. »
La réponse est arrivée dès ce vendredi 12 février sur BFMTV, avec Laurence Rossignol invitée de la matinale. Il est vrai que vu la liste de ses engagements en la matière, on ne peut guère suspecter la ministre de ne pas porter le combat féministe. C’est donc une Rossignol tout en pédagogie, tentant comme une certaine Najat Vallaud-Belkacem en son temps de justifier un portefeuille incompréhensible, qui s’est exprimée ce matin. Les femmes, l’enfance et la famille : rétrograde ? Mais non, cohérent !
« Ce portefeuille va me permettre de poursuivre ma lecture féministe (…) Aider les femmes aujourd’hui, c’est comprendre que la famille n’est pas un repoussoir mais que c’est aussi là que se noue une partie des inégalités. (…) On voit bien que dans les inégalités femmes-hommes, quelque chose se dessine dans ce triptique ‘famille, enfance, droits des femmes’. Les inégalités professionnelles dans l’entreprise se jouent aussi par la charge qu’ont les femmes dans les familles : il faut voir la lenteur de l’évolution du partage des taches ménagères, par exemple ! »
Un problème, quel problème ? Dans les couloirs du cabinet du Premier ministre, on réalise bien que l’effet n’est pas des meilleurs… mais personne ne l’aurait anticipé. Femme, famille, enfants… rien de plus naturel !
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