À l’occasion du conseil national du PS samedi, le premier secrétaire du PS a su escamoter les sujets qui fâchent comme un prestidigitateur fait disparaître les cartes. Tout en jurant vouloir une primaire à gauche de tout son cœur.
Mesdames et messieurs, voyez-vous cette déchéance de nationalité ? Hop, disparue dans le chapeau. Regardez cette primaire que nous aimons pourtant tous très fort : bourrée dans le faux plancher. Un programme pour 2017 ? Quel programme ? Au cours du conseil national du Parti socialiste organisé samedi 6 février, Jean-Christophe Cambadélis avait sorti les gants blancs et le haut-de-forme. Ce conseil devait faire adopter par ses membres une feuille de route pour l’année 2016 : il a réussi le tour de force d’éviter tous les sujets du moment.
Adopté à une large majorité, le texte détermine trois objectifs majeurs : lancer l’« alliance populaire » pour fédérer les forces vives autour de l’appareil socialiste, instituer les « cahiers de la présidentielle », présentés par le PS comme une « perspective » pour « préparer les forces progressistes au combat contre le bloc réactionnaire » en vue de 2017, et enfin s’engager dans la lutte contre la précarité. Toujours rien de prévu, donc, sur la déchéance de nationalité, pourtant en discussion en ce moment même à l’Assemblée. Peut-être pour éviter le fiasco du dernier bureau national, le 18 janvier, où il avait été décidé… de ne rien décider en la matière : un simple « mandat » avait été donné par Solférino à Jean-Christophe Cambadélis pour « formuler la contribution » du parti à François Hollande.
« On souhaite que le parti prenne position sur la déchéance de nationalité, ça n’a pas été acté », a regretté le député aubryste Jean-Marc Germain, sceptique sur le texte acté par ce conseil national : « C’est une feuille de route hémiplégique ».
« L’alliance » a déjà du plomb dans l’aile
Sur le front de la primaire, Jean-Christophe Cambadélis est tout aussi gêné aux entournures. Pas du tout chaud pour voir son champion François Hollande embrigadé dans une bataille rangée où il ne serait qu’un prétendant parmi d’autres, le premier secrétaire est néanmoins contraint de donner le change, à grands coups de conditionnels. Au risque d’apparaître comme le fossoyeur d’une primaire au sein de la gauche voulue, selon les sondages, par les Français.
« Je veux et je vais même me battre pour » la primaire, a affirmé « Camba » samedi, mais c’est surtout le concept d’« alliance populaire » qu’il défend. Une manière de tenter de renouer avec l’esprit collectif qui a fait les beaux jours du PS en allant chercher des relais dans la société civile, auprès des syndicats, des associations, des universitaires et des intellectuels. C’est beau et cela rappelle les années fastes. C’est surtout bien moins engageant qu’une primaire pour laquelle Cambadélis continue de poser une myriade de conditions impossibles à réunir, en accusant la gauche de la gauche et les écologistes de la plomber. En attendant, même « l’alliance » a déjà du plomb dans l’aile, comme le remarque le JDD : EELV et le PC boudent les réunions préparatoires et Robert Hue a claqué la porte, fâché.
Autre tour de passe-passe confirmé lors de ce conseil : le programme pour 2017, qui attendra. Six mois après leur présentation, des « cahiers de la présidentielle » sont toujours sur la table. Une manière de livre d’or, en somme, le genre de grimoire qui en impose, où chacun y va de sa prose mais que personne ne lit. Et pour les remplir, des conventions thématiques sont ouvertes jusqu’en… janvier 2017. Avec un tel calendrier, 2016 promet d’être une année utile au PS…
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