Si, au départ, la droite était majoritairement favorable à l’idée d’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, le vent est en train de tourner, au grand dam de Nicolas Sarkozy.
Ne jamais, jamais sous-estimer les capacités de retournement de veste d’un élu. Si, lors du Congrès de Versailles lors duquel François Hollande annonçait son intention de faire inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, la totalité des parlementaires de l’opposition ont applaudi le chef de l’Etat, ils seront au final beaucoup moins nombreux à voter le texte du gouvernement. C’est en tout cas l’idée qui circule dans les rangs de la droite ces derniers jours, selon plusieurs élus, dont cet député francilien qui résume plutôt clairement la situation: « les mecs au groupe commencent à en avoir un peu ras-le-bol de ce bordel.«
Il y a quelques semaines, une vingtaine de députés de droite seulement annonçaient d’emblée leur opposition à la réforme constitutionnelle, parmi lesquels NKM, Patrick Devedjian ou encore Hervé Mariton. Depuis, les rangs de l’opposition au texte ont, selon l’élue de Paris, « triplé« : une cinquantaine de députés de droite seraient aujourd’hui défavorables à l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution. Mardi 2 février, François Fillon a rallié, à la surprise générale, la cause de ces frondeurs de droite. Si ce n’est la lune et la marée, qu’est-ce qui fait tourner le vent chez les députés ex-UMP ? Le président de la République selon ce collaborateur de l’ancien Premier ministre: « Les bidouillages de Hollande finissent par énerver les plus conciliants. Hollande nous rend dingues ! «
Le chef de l’Etat le sait: si d’aventure la droite ne votait pas sa réforme constitutionnelle, impossible de l’appliquer. Hollande pourrait donc être le premier perdant de ce retournement de situation. Mais une autre victime, à droite cette fois, pourrait se révéler, en la personne de Nicolas Sarkozy. Nombreux sont ceux qui, à droite, accréditent la thèse du « Pacte de Versailles » selon lequel le patron des Républicains aurait tout intérêt à faire ratifier la réforme constitutionnelle de Hollande. Le raisonnement est le suivant: un président Hollande renforcé en 2016 empêcherait l’électorat de centre-gauche de participer à la primaire de droite, naturellement enclin à voter pour… Alain Juppé. Vous suivez ?
Une défaite de Hollande sur la réforme constitutionnelle constituerait donc aussi celle de Nicolas Sarkozy, et mécaniquement, une victoire pour ses futurs opposants à la primaire. Tout est logique, donc, lorsque François Fillon se prononce contre le texte. Un parlementaire UDI décrypte: « Fillon a vu le créneau se libérer. Tout le monde y voit aussi la possibilité de prouver que Sarko n’a pas la capacité d’emmener son parti sur sa position. » L’ancien chef de l’Etat avait précautionneusement, au cours du mois de janvier, fait voter son Bureau politique en faveur de la déchéance constitutionnalisée. Mais ce député Les Républicains a son excuse toute prête si jamais il vote contre: « Dans ce type de débats, il y a toujours une position de groupe à l’Assemblée, que chacun respecte ou pas. Ici, le bureau politique des Républicains a donné son avis avant que le groupe ne s’exprime… » Conclusion du même: « la prochaine fois, Sarkozy réfléchira à deux fois avant de faire voter ce genre de positions en BP. Il ne peut pas se déconnecter autant de ses parlementaires….«
Reste une question: si Hollande et Sarko tombent du pédalo, qui reste-t-il au gouvernail ? Les candidats sont nombreux.
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