Le film « Antichrist » de Lars von Trier, sorti en 2009, vient de voir son visa d’exploitation annulé par la justice. Derrière cette décision il y a le collectif catholique Promouvoir, qui n’en est pas à son coup d’essai.
Après La Vie d’Adèle d’Abdelatif Kechiche, Love de Gaspar Noé, c’est Antichrist de Lars von Trier qui voit son visa d’exploitation annulé par la cour administrative d’appel de Paris. La raison : « des scènes de très grande violence » et « de sexe non simulées« . Dans les faits cela se traduit par un changement de classification. Le film au début interdit aux moins de 16 ans est maintenant interdit aux mineurs. Cela entraîne une interdiction de diffusion en salles, à la télé et sur tout autre support (DVD, VOD, etc.).
À l’origine de cette décision, il y a le collectif Promouvoir, association proche des milieux catholiques traditionalistes. À sa tête un ancien mégrétiste et fervent catholique, André Bonnet, également avocat de l’association. Depuis sa création en 1996, elle se bat pour changer la classification des films qu’elle estime non conforme aux « valeurs judéo-chrétiennes« , confiait André Bonnet lors d’un entretien aux Inrocks. La première victime de leur croisade contre les images choquantes au cinéma est le long-métrage de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi Baise-moi sorti en 2000. Initialement interdit aux moins de 16 ans, le collectif a obtenu auprès du Conseil d’État l’annulation du visa d’exploitation du film. Classé X, il a été retiré des salles. L’association déplorait les scènes de sexe non simulées et extrêmement violentes.
Depuis, Promouvoir s’est attaqué à de nombreux films avec souvent un succès à la clé. Une situation qui interpelle et remet en cause le jugement du CNC, l’organisme en charge de la classification des œuvres cinématographiques. Qui décide vraiment, quand on observe que plusieurs films voient leur classification changée – même plusieurs années après leur sortie – suite aux poursuites en justice de l’association ? La question se pose légitimement.
Pour renforcer le pouvoir de l’institution du cinéma, la ministre de la Culture Fleur Pellerin a mandaté Jean-François Mary, le président de la commission de classification du CNC. Il doit réfléchir à des réformes pour « améliorer et sécuriser la procédure de délivrance des visas« . En langage cinéma cela se traduirait par « le clap de fin » de la contestation ultra-catholique.
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