Législatives 2017 : Sarkozy provoque une querelle des investitures

Le patron de LR plaide pour désigner les candidats de son parti aux prochaines élections législatives avant cet été. Ses rivaux, eux, veulent attendre la primaire de novembre. Logique : chacun compte bien avoir des députés à sa main en cas de victoire en 2017.

Nicolas Sarkozy ne lâche pas l’affaire. Il pousse pour que les 577 candidats Les Républicains (LR) aux élections législatives de 2017 soient désignés par le parti avant la primaire qui départagera en novembre les postulants à la candidature présidentielle. L’ancien chef de l’Etat a encore fait un pas dans ce sens la semaine dernière, selon le Canard enchaîné. « Le parti, ça reste un avantage, je ne veux pas renoncer au bénéfice de la distribution des investitures aux législatives », aurait-il répondu à des proches qui lui conseillaient de quitter la direction de LR pour se consacrer à la primaire. Le 26 janvier, Le Figaro rapportait déjà que l’ancien chef de l’Etat souhaitait boucler les investitures « en juin »… soit un an avant les législatives.

Officiellement, il s’agirait d’une demande du terrain. « Ce sont les candidats qui veulent pouvoir être rapidement investis », assure à Marianne le député européen Brice Hortefeux, bras droit de Nicolas Sarkozy, en soulignant que « les comptes de campagne doivent être ouverts un an avant le scrutin ». « Il ne faudrait pas que les investitures soient prisonnières du calendrier des primaires. Si des candidats sont investis trop tard, cela les mettrait en difficulté », renchérit-on dans l’entourage de l’ex-chef de l’Etat. Tout en dédramatisant : « ce n’est pas une décision monarchique. On pourra en discuter à un moment, mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui. »

Il n’empêche, Nicolas Sarkozy marche sur des œufs, et il le sait. En interne, le sujet est un petit baril de poudre. Ses rivaux ne veulent pas entendre parler d’une telle accélération du calendrier. Chez Alain Juppé comme chez François Fillon ou Bruno Le Maire, on milite pour que ce soit le vainqueur de la primaire qui supervise les investitures, point barre. Le sujet n’est pas nouveau : cela fait plusieurs mois que Nicolas Sarkozy plaide pour aller plus vite. Au risque de faire monter la tension. « C’est totalement absurde ! Si on désigne des candidats avant la primaire, ils n’auront aucune légitimité », fulminait un député filloniste fin décembre. « Si on veut faire exploser le parti, c’est exactement ce qu’il faut faire. »

Certains détracteurs de Sarkozy le soupçonnent de vouloir faire des investitures un moyen de pression à l’approche de la primaire.

Certains détracteurs de Nicolas Sarkozy le soupçonnent de vouloir faire des investitures un moyen de pression à l’approche de la primaire. En clair : pour avoir ton investiture, mieux vaudrait que tu me soutiennes… Il est vrai que les rangs des parlementaires sarkozystes se sont quelque peu clairsemés ces derniers temps. « Sarkozy ne fonctionne que par la force. Il ressort les bonnes vieilles méthodes », grince un proche de Bruno Le Maire.

Un raisonnement balayé par d’autres, qui estiment que les députés déjà en place n’ont aucune raison de s’inquiéter. « Les députés sortants seront reconduits à 95% », assure à Marianne Edouard Philippe, député-maire du Havre. Ce qui n’empêche pas ce lieutenant d’Alain Juppé de plaider pour attendre la fin de l’année, car pour lui, « la ligne politique va être imprimée par le vainqueur de la primaire ». Or, pour gouverner efficacement en cas de victoire à la présidentielle, mieux vaudrait que les députés de la majorité soit raccord avec le nouveau président, argue-t-il. Edouard Philippe cite en contre-exemple le calendrier du Parti socialiste en 2011 : « Les candidats ont été investis par Martine Aubry, alors que c’est François Hollande qui est devenu président. C’est l’une des raisons de son échec. » Une partie de la majorité s’est en effet rebellée contre le chef de l’Etat – une fronde que l’on constate à nouveau à l’occasion du débat sur la déchéance de nationalité.

Dans cette polémique feutrée, Nicolas Sarkozy n’est toutefois pas seul contre tous. Le patron des députés LR, Christian Jacob, plaide lui aussi pour que les investitures soient attribuées avant la primaire. « Sur les circonscriptions où nous sommes en conquête, je pense qu’il est utile que nos candidats le sachent suffisamment tôt », a-t-il insisté lundi sur RTL. « Si on attend la primaire fin novembre, ensuite nous avons la trêve des confiseurs, ce qui veut dire qu’on va donner les investitures en janvier ou en février alors que les présidentielles sont deux mois après. » Jacob oublie de préciser qu’en 2012, l’UMP avait observé précisément ce calendrier, en ne ratifiant les candidatures aux législatives que fin janvier. Même si à l’époque, Nicolas Sarkozy, encore à l’Elysée, avait encore la haute main sur le parti dont il était le candidat incontesté. C’est loin d’être le cas aujourd’hui.

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