Mosquée de Fréjus : Var-Matin envoie paître ses lecteurs "cons"

Après avoir consacré une double page à l’ouverture de la mosquée de Fréjus, « Var-Matin » a reçu une ribambelle d’insultes, certains lecteurs annonçant leur boycott du journal local. L’un des journalistes leur a répondu ce mercredi dans un billet d’humeur salé…

« Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît… » C’est sur cette phrase culte d’Audiard que le journaliste de Var-Matin, Eric Farel, également chef d’agence à Fréjus, commence ce mercredi son billet d’humeur titré « Inch’ Allah ». Une sérieuse mise au point à destination de… ses lecteurs. A certains d’entre eux il lance en effet :

« Que d’honneur pour nous journalistes de ne plus être lus par des cons ! »

A l’origine de ce coup de gueule, « un afflux » de missives de lecteurs qui « abreuvent » Var-Matin « d’injures » car le journal a « osé consacrer deux pages du journal à l’ouverture de la mosquée de Fréjus« . Samedi dernier, le quotidien local a en effet raconté la « joie » des musulmans « en ce jour de prière », avec en pleine une l’image de la mosquée et ce titre : « Enfin ouverte ». Une référence aux années de bataille politique écoulées avant l’ouverture de cette mosquée dans une ville désormais frontiste. 

Parmi ces injures énumérées par le journaliste dans son billet : « on nous invite à prendre le bateau et traverser la Méditerranée« . Parmi les menaces : « je ne lirai plus Var-Matin« . Eh bien « tant mieux !« , s’exclame Eric Farel. Contacté par Marianne, celui qui a co-écrit l’ouvrage Ma ville couleur bleu marine, le vrai visage du FN au pouvoir, raconte être également l’objet d’insultes « anonymes, racistes et primaires »

Dans son billet, le journaliste revient également sur la réaction offusquée du maire FN de Fréjus, David Rachline. Il avait notamment écrit sur sa page Facebook : « Var-matin célèbre le possible viol des lois de la République et conclut par un laïc Inch’ Allah. Les lecteurs apprécieront. » « Voilà qui prête à sourire », commente l’auteur du billet… avant de rappeler que le même David Rachline a déjà ponctué l’une de ses interventions d’un « très inattendu Inch’ Allah« .

Pas étonnant que Rachline n’ait pas apprécié le reportage du journal. Evoquant de « nombreux doutes sur la légalité de cette construction« , le maire frontiste s’est toujours opposé à l’ouverture de la mosquée – il en avait fait un argument de campagne – maintenue fermée depuis la fin du chantier au printemps. Après de nombreux aléas judiciaires (racontés ici), Le Conseil d’Etat a ordonné l’ouverture provisoire de la mosquée. La haute instance administrative a jugé que ne l’ouvrir constituait une « atteinte grave et manifestement illégale au droit à un recours effectif, à la liberté de culte et à la liberté d’expression des convictions religieuses ». L’affaire ne s’arrête pas là pour autant : saisi à la suite d’une plainte déposée en octobre 2013, le tribunal correctionnel doit statuer sur le caractère frauduleux ou non de l’obtention du permis de construire à l’origine de la mosquée. Fin novembre, le procureur de la République de Draguignan a requis sa démolition pure et simple. La décision du tribunal sera connue dans un mois, le 26 février.

 

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