"Salafistes" menacé d'interdiction : les réalisateurs du film "scandalisés"

Ce documentaire qui montre le djihad de l’intérieur sortira-t-il en salles cette semaine ? Son sort est entre les mains de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin. « On est dans l’incertitude », a déploré ce mardi l’un de ses réalisateurs, François Margolin.

Sa sortie en salles était prévue ce mercredi 27 janvier, mais aura-t-elle vraiment lieu ? Le documentaire Salafistes, qui montre la vie telle qu’elle est dans les territoires sous contrôle djihadiste au Nord-Mali et en Mauritanie, est menacé d’une interdiction aux moins de 18 ans assortie d’un avertissement, ce qui compromettrait grandement sa diffusion. C’est la commission de classification des œuvres du Centre national du cinéma (CNC) qui a préconisé cette interdiction, même si la décision finale doit être prise par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.

« On est dans l’incertitude mais en revanche, un certain nombre de salles ont prévu et programmé le film dès demain », a expliqué François Margolin, co-réalisateur du documentaire, ce mardi matin au micro de France Inter. « Il y en a moins que prévu », a-t-il toutefois déploré, dénonçant un « exercice d’intimidation qui a été fait par le CNC et par le ministère de la Culture ».

Les autorités accusent le film, qui comporte notamment des extraits des vidéos de propagande du groupe Etat islamique, de faire ni plus ni moins que « l’apologie du terrorisme« . « Je suis plus que scandalisé qu’on nous accuse de ça, parce qu’on a risqué notre vie pour y aller, on a failli se faire tuer par les gens qu’on interviewait. Considérer qu’on est en gros le service de com’ des djihadistes, c’est hallucinant » !, s’est indigné François Margolin. Quand aux images de propagande, « on ne peut pas faire aujourd’hui un film sur le salafisme ou le djihadisme sans montrer les vidéos, parce que ce sont des armes », a-t-il argué. « Notre souci pendant tout le montage, c’était justement d’éviter de tomber dans le piège de la manipulation », a renchéri l’autre réalisateur du film, Lemine Ould Salem.

Les deux réalisateurs sont désormais suspendus à la décision de Fleur Pellerin. Ils ont reçu un soutien de poids lundi en la personne de Claude Lanzmann. Dans une tribune publiée par Le Monde, le cinéaste et écrivain dénonce une « sinistre offensive » contre un « véritable chef-d’œuvre éclairant comme jamais aucun livre, aucun “spécialiste” de l’Islam ne l’a fait, la vie quotidienne sous la “charia” ».

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