Confisquer les biens des migrants ? Le Danemark persiste et signe

Le Danemark entérine ce mardi sa réforme controversée du droit des étrangers qui vise à décourager les candidats à l’asile, au prix d’entorses aux conventions internationales.

Qu’importe le qu’en dira-t-on ! Le Danemark entérinera bien ce mardi 26 janvier sa réforme controversée du droit des étrangers qui vise à décourager les candidats à l’asile d’y tenter leur chance. Et ce, au mépris d’entorses aux conventions internationales et des critiques que celles-ci soulèvent. Principale disposition polémique : la confiscation des effets de valeur des migrants à leur arrivée afin, plaide le gouvernement danois, de financer leur prise en charge.

Accusé par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) de nourrir « la peur et la xénophobie« , tancé par les Nations unies, l’Union européenne, l’OSCE et les organisations humanitaires, Copenhague maintient pourtant le cap, fort du soutien de son opinion publique : selon les sondages, l’immigration est la préoccupation n°1 de 70% des Danois. Pour le gouvernement, les critiques relèvent donc d’un simple quiproquo. C’est le « projet de loi le plus mal compris de l’histoire du Danemark« , analyse ainsi le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen, sans plus s’appesantir sur un détail qui aurait pu lui mettre la puce à l’oreille : son gouvernement libéral, minoritaire, est soutenu par les anti-immigration du Parti populaire danois.

« Beaucoup de réfugiés affluent à nos frontières, nous sommes soumis à une pression énorme« , a encore argué lundi la ministre en charge de l’Immigration, de l’Intégration et du Logement, entendue à Bruxelles par la Commission des libertés civiles du Parlement européen. Outre la confiscation, le projet de loi prévoit, pour les décourager, de diminuer les droits sociaux des migrants et d’allonger les délais d’octroi du permis de séjour permanent et de regroupement familial. Un dernier délai que Copenhague a décidé de porter de un à trois ans.

Les organisations internationales s’alarment de ces restrictions imposées aux conditions de séjour et au regroupement familial. Les migrants vont être confrontés à « un choix impossible« , souligne Selon Amnesty International : « Soit ils vont entreprendre avec leurs enfants et leurs proches des voyages périlleux, soit ils vont les laisser sur place et connaîtrer une séparation prolongée tandis que les membres de leur famille continuent à souffrir des horreurs de la guerre« . Dans un courrier du 15 janvier au gouvernement danois, le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a estimé que cette question du regroupement familial soulevait des questions de « compatibilité » avec la Convention européenne des droits de l’Homme et la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.

Malgré tout, le vote de ce mardi au Parlement ne devrait être qu’une formalité car pour s’assurer du soutien des sociaux-démocrates, premier parti d’opposition, et de deux petites formations de droite, le gouvernement a consenti des amendements. Il a notamment augmenté la valeur des biens confiscables — les liquidités des migrants doivent excéder 10.000 couronnes danoises (1.340 euros) et leurs effets personnels 10.000 couronnes au lieu de 3.000 — et permet, bon prince, aux demandeurs d’asile de garder leurs alliances et tout objet de valeur sentimentale. Curieusement, personne n’a pensé à proposer de vérifier s’ils avaient éventuellement des dents en or pour leur arracher. Peut-être la prochaine fois ?

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