Quelque chose en nous d'un homme de droite : la petite musique Valls à Davos

Le Premier Ministre, en déplacement ce jeudi au forum économique mondial de Davos, a assumé dans une interview à la télévision suisse sa part d’homme de droite, et la proximité de sa gauche avec le monde de l’entreprise.

« Chez chacun d’entre nous (il y a une part de droite) ». La déclaration évoque un air connu de la chanson populaire française ; c’est aussi une petite musique familière dans la bouche de Manuel Valls. Interviewé sur la chaîne suisse RTS à la veille de sa venue, ce jeudi, au forum économique mondial de Davos, le Premier ministre a de nouveau assumé sa part d’homme de droite : « On n’est pas fait d’un bloc !« 

Même sur une chaîne étrangère, donc, le socialiste est parfois amené à devoir rappeler dans quel camp il joue : « Moi ma famille c’est la gauche, j’ai toujours été à gauche« , rappelle-t-il ainsi. Avant de compléter : « Mais je ne considère pas qu’être de droite c’est une insulte, je ne suis pas sectaire.« 

Au premier rang des valeurs supposées de droite qu’il revendique autant de gauche, le Premier ministre cite comme à son habitude (il l’avait encore fait samedi soir dans « ONPC ») la sécurité : « Il y a une demande d’ordre, une demande d’autorité. Je crois que ce sont deux valeurs de gauche et pas forcément de droite« . L’occasion de ré-asséner sa pique préférée à destination du chef de l’opposition : « C’est quand même sous mon gouvernement et sous François Hollande que l’on a augmenté le nombre de policier de gendarmes et de juges, alors que sous la présidence de Nicolas Sarkozy on les avait baissées. Alors vous voyez, ces concepts parfois, ils peuvent changer…« 

Ce n’est pas un hasard si le journaliste helvète a abordé ce sujet. C’est la première fois en effet, avec Manuel Valls, qu’un Premier ministre français se rend au forum économique mondial de Davos. Dans la droite ligne du fameux « J’aime l’entreprise » qu’il avait lancé en 2014 devant le Medef, il réaffirme ainsi la proximité de la gauche avec le monde de l’entreprise. « Il n’y a pas de problème entre la gauche, l’économie et l’entreprise, et Davos. Ce sont des débats anciens, dépassés« , martèle-t-il d’ailleurs sur RTS.

Quatre ans après que Fançois Hollande eut déclaré la guerre au « monde de la finance« , voici le virage social-démocrate du gouvernement une nouvelle fois assumé, donc. « C’est vrai qu’il y a eu une mutation politique, et peut-être idéologique, y compris pour la gauche française, qui a compris (…) que la création de l’emploi, par définition, ne pouvait procéder que de l’entreprise« , analyse l’ex-ministre de l’Economie Pierre Moscovici, également présent à Davos 2016 en temps que Commissaire européen.

Sur  ce terrain, Manuel Valls devra néanmoins composer avec la concurrence d’Emmanuel Macron, qui fait aussi le déplacement et pourrait lui voler la vedette. Si le chef du gouvernement a accordé une interview à RTS, son ministre de l’Economie à l’anglais fluide enchaînera quant à lui trois interviews avec les grandes chaînes business de télévision américaine : CNN, CNBC, Bloomberg TV. Et en lançant mercredi cette phrase polémique : « La vie d’un entrepreneur est souvent plus dure que celle d’un salarié« , lui aussi paraît plus que prêt à assumer sa part de droite…

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