VIDÉO – Macron se prend un syndicaliste en pleine face

« J’ai voté pour quelqu’un de gauche pour me protéger, et aujourd’hui, cette personne de gauche, elle protège le patronat », a lancé mercredi sur RMC un ancien salarié de Goodyear au ministre de l’Economie.

Chaude ambiance mercredi matin sur RMC entre le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et Mickaël Wamen, ex-salarié de l’usine Goodyear d’Amiens Nord et syndicaliste CGT. Ce dernier a mis sur la table le plafonnement des indemnités prud’hommales, une mesure que François Hollande a annoncé lundi. Et très vite, le ton est monté entre le ministre et le syndicaliste…

« Est-ce que les Français vous ont demandé de faire une loi pour plafonner les indemnités aux prud’hommes ? », lance Mickaël Wamen. « Vous êtes en train d’ouvrir une boîte de Pandore qui est quand même assez exceptionnelle pour les patrons. » Et le délégué CGT d’accuser le gouvernement de mettre en place une mesure qui n’était pas du tout au programme de François Hollande en 2012.

« Vous avez une vision du mandat impératif où il faudrait, dans la campagne présidentielle, tout dire. La situation du pays exige aussi de bouger », rétorque d’abord Emmanuel Macron. « Il y a des inégalités profondes dans les situations. Vous pouvez vous retrouver aux prud’hommes avec 50.000 euros de dommages et intérêts dans un département, 250.000 dans le département voisin », argumente ensuite le locataire de Bercy, qui estime que grâce au plafonnement des indemnités, « on donne de la visibilité à tout le monde, au salarié et à l’employeur ».

Alors que l’échange se tend, Emmanuel Macron en vient à évoquer la crise à l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, qui a fermé en 2014 faute de repreneur, laissant 1.143 salariés sur le carreau. « Le combat que vous avez mené, parfois d’ailleurs contre l’intérêt de l’entreprise, poussé par certains avocats, il a conduit à bloquer pendant sept ans et demi l’entreprise », accuse le ministre. « Parfois avec de bonnes idées, on devient pyromane. » Des remarques qui n’ont pas l’heur de plaire à son bouillant interlocuteur. « Vous parlez comme un député de l’opposition », réplique Mickaël Wamen. « Vous affichez la couleur de ce que vous êtes ! »

Puis la conversation revient sur le sujet des indemnités aux prud’hommes. « Moi j’ai voté pour quelqu’un de gauche pour me protéger, et aujourd’hui, cette personne de gauche, elle protège le patronat et uniquement le patronat », s’emporte à nouveau Mickaël Wamen. Dans le viseur : François Hollande, qui a annoncé lundi dans un énième plan pour l’emploi le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif, en fonction de l’ancienneté. Une mesure de ce type avait déjà été inscrite dans la loi Macron l’an dernier, mais avait été retoquée par le Conseil constitutionnel car elle retenait le critère de la taille de l’entreprise qui, selon les Sages, est sans lien « avec le préjudice subi par le salarié ». Qu’importe : la mesure censurée en 2015 revient par la fenêtre en 2016. Et elle vaudra certainement à Emmanuel Macron d’autres séances d’explications musclées. Même si, ce mercredi, le ministre et le syndicaliste se sont tout de même serré la main en se quittant. A grande joie de l’animateur Jean-Jacques Bourdin, qui a trouvé cela « formidable »…

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