Après un an et demi de cure médiatique, l’ex-patron de l’UMP publie cette semaine un livre et entame une séquence de promotion médiatique bien rodée. Son but ? Exister, tout simplement.
« J’ai pris cher, en fait, hein… » Allongé sur son divan rouge, Jean-François Copé plisse les yeux. Il se souvient de ce 27 mai 2014 et de ce bureau politique à l’odeur de souffre, lors duquel les responsables de l’UMP l’ont contraint à quitter la direction du parti. Vingt mois plus tard, Copé fait son grand retour. Et pour le mettre en scène, il a choisi Le Divan, l’émission de Marc-Olivier Fogiel, ce mardi à 22h30 sur France 3. Un programme au registre intimiste enregistré le 9 janvier et que Marianne a pu visionner. Et question intimité, le téléspectateur est servi. Les souffrances de sa mère à l’hôpital pendant la crise à l’UMP, ses enfants qu’il a cherché à tout prix à « protéger », sa famille sauvée par une Juste durant l’Occupation, sa passion pour le jazz… Son épouse Nadia intervient même plusieurs minutes dans l’émission, notamment pour assurer que « Jean-François est quelqu’un d’extrêmement pudique ».
On est tenté d’en douter, tant le programme l’amène à se confier sur toutes les facettes de sa personnalité. Il peut paraître étrange de (sur)jouer à ce point le registre personnel, alors que dans le même temps, Jean-François Copé compte très sérieusement promouvoir un projet pour la France. Ce mercredi 20 janvier sort son livre, Le Sursaut français (Stock). 350 pages où il s’emploie d’abord à livrer sa vérité sur les affres de la guerre Copé/Fillon et de l’affaire Bygmalion – il était « un bouc émissaire » qui a « décidé de (se) sacrifier ». Mais dans cet ouvrage, le député-maire de Meaux s’emploie surtout à identifier le « malaise française » et en livrer « les remèdes ». Economie, immigration, laïcité, politique étrangère : tous les sujets sont couverts et les mesures soigneusement chiffrées. Copé a même transformé son slogan vantant « la droite décomplexée » en « la France décomplexée ». Bref, tout cela ressemble furieusement à l’ébauche d’un programme présidentiel…
RTL, Europe 1, BFMTV, Canal+… L’opération promo de Copé reste on ne peut plus classique.
Mais pour l’instant, pas question d’afficher une quelconque ambition. Car Jean-François Copé l’assure : à force de parcourir le pays, il a compris les Français. Plus question pour lui de faire de la politique à l’ancienne. Enfin, presque… Car l’opération promo prévue pour son livre reste on ne peut plus classique. Pendant quinze jours, vous allez voir du Copé un peu partout. Il sera mercredi matin sur RTL, jeudi soir chez Ruth Elkrief sur BFMTV, vendredi soir au Club de la presse d’Europe 1… Même topo la semaine prochaine, qui le verra entre autres sur les plateaux de C à vous sur France 5 et du Supplément de Canal+. Côté presse nationale, Copé a choisi de se confier au très droitier Valeurs actuelles la semaine dernière puis – histoire de faire contrepoids – à L’Obs cette semaine. « Le circuit normal », admet un proche, qui met en avant sa volonté de « s’adresser à différents publics » à travers « des formats où il aura du temps ». En parallèle, Copé compte poursuivre ses déplacements sur le terrain. En commençant par Lille mercredi, puis la Lorraine la semaine prochaine.
Mais pourquoi revenir maintenant ? « Il ne voulait pas brouiller le message des élections régionales », explique à Marianne la députée Michèle Tabarot, membre du petit groupe d’élus qui se réunit tous les mardis dans son bureau de l’Assemblée nationale. Et en même temps, « il s’agit de profiter de ces quelques mois avant la primaire pour mettre ses idées sur la table ». Mais briguer l’investiture pour 2017, promis juré, il n’y pense pas. « Il n’a pas forcément pour objectif la primaire, il veut simplement pousser ses idées », assure Michèle Tabarot.
« Il veut juste exister. »
Chez ses collègues, personne n’est dupe, et l’accueil est loin d’être chaleureux. « Je trouve ça dramatique, j’ai du mal à comprendre cet entêtement », s’emporte un député filloniste, qui se désole pour l’image du parti : « Chacun veut flatter son petit ego hypertrophié. On a eu Morano, on a Copé, on va avoir qui après ? » Pour un soutien de Bruno Le Maire, qui résume l’avis général, « il veut juste exister. C’est un garçon talentueux, hyper ambitieux, mais il est complètement carbonisé par l’affaire Bygmalion. » A 15 mois de la présidentielle, dans un contexte où personne n’arrive à susciter un enthousiasme délirant à droite, la tentative de Jean-François Copé ressemble furieusement à un ballon d’essai. « Il n’a pas de calendrier défini. Il va faire sa tournée et voir comment ses idées sont perçues », temporise son amie Michèle Tabarot. Mais pour être entendu, encore faut-il que Copé soit écouté. Ce qui n’est pas gagné d’avance.
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