Ali Bongo, pas vraiment élu ? Quand Hollande disait comme Valls

Le « fail » de Manuel Valls, déclarant samedi soir dans « ONPC » que le président du Gabon n’avait pas été élu « comme on l’entend », fait du bruit au Gabon. Il y a quelques années, François Hollande disait pourtant la même chose. Sauf qu’entre-temps, les deux ont pris du galon…

Ali Bongo a dû en avoir la moustache tout hérissée. Samedi soir sur le plateau de Laurent Ruquier, Manuel Valls venait d’encaisser sans clash ni dérapage 1h30 d’interview, jusqu’à ce que l’humoriste Jérémy Ferrari ne s’en mêle, le prenant à parti notamment sur un point : la présence, le 11 janvier 2015, du président gabonais Ali Bongo parmi les chefs d’Etat qui défilaient « en tête d’une marche pour la liberté d’expression », après l’attentats contre Charlie Hebdo et l’Hypercacher de Paris. Vivement interpellé sur le caractère non démocratique de l’élection du président africain, le Premier ministre lâche alors qu’il n’a effectivement pas été élu « comme on l’entend ». Oups… Ce n’est pas, loin s’en faut, la position officielle de la France, qui en 2009 l’avait félicité par la voix de son Président d’alors, Nicolas Sarkozy.

Ni une ni deux, l’opposition gabonaise, qui avait contesté l’élection du fils de l’ancien président Omar Bongo, a repris en choeur la petite phrase du premier ministre français. Et le quotidien national L’Union a affirmé que l’ambassadeur gabonais à Paris allait être rappelé à Libreville pour « consultations« . Matignon, resté très discret sur cette affaire, a néanmoins tenté de rattraper la bourde vallsienne en faisant recevoir lundi le diplomate par le conseiller diplomatique du Premier ministre. Un « message d’amitié » au président Bongo a été transmis à cette occasion, a-t-on indiqué. « La France est très attachée à ses relations avec le Gabon sous la conduite du président Bongo, élu en 2009« , a encore insisté lundi le Quai d’Orsay.

Très attachée à Bongo, la France l’est peut-être mais en avril 2012, l’élection de celui-ci avait été critiquée dans les mêmes termes que Manuel Valls, par un certain… François Hollande. En pleine campagne pour la présidentielle, celui-ci est alors interviewé par Médiapart, et doit répondre à une question similaire : « Est-ce que vous estimez que l’élection à la présidence du Gabon d’Ali Bongo a été truquée ? » Et François Hollande de rétorquer : « Je ne sais pas si elle a été truquée, en tout cas elle n’était pas dans les critères de ce que l’on peut appeler des élections démocratiques » (voir la vidéo ci-dessous, à partir de 00’47). Un secret de Polichinelle, pour un régime autoritaire auquel la répression à l’égard des journalistes et les méthodes de gouvernance valent de figurer en bas des classements internationaux sur les droits de l’Homme.

Sauf qu’à l’époque, François Hollande n’exerçait pas encore la plus haute fonction de l’Etat ! Sa parole n’engageait donc pas la France. C’est ce que semble avoir oublié un peu vite Manuel Valls samedi soir. Car depuis qu’il s’est installé à l’Elysée, le socialiste a fait comme ses prédécesseurs, recevant Ali Bongo à l’Élysée dès juillet 2012. Lui qui, comme Nicolas Sarkozy avant lui, promettait pourtant la fin de la Françafrique, n’a pas paru depuis vouloir remettre en cause les bonnes relations entre Paris et Libreville. Et si Manuel Valls veut vraiment le faire, il lui faudra attendre d’être élu à son tour à la fonction suprême…

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