"La transition" : un mouvement hors-parti veut faire son trou pour 2017

Un mouvement issu de la société civile veut faire émerger des solutions nouvelles pour la prochaine présidentielle et présenter un candidat. Ses propositions : pas plus de deux mandats électifs et, notamment, la création d’un contrat de travail unique. Utopique ?

Leur message est simple et barre la une de leur site, lancé dimanche 17 janvier : « En 2017, comme 3 Français sur 4, nous ne voulons plus ni de Hollande, ni de Sarkozy, et nous ne voterons pas Le Pen. » Le communicant Claude Posternak et une bande de soutiens parmi lesquels l’essayiste Zohra Bitan, le chef d’entreprise Xavier Alberti et le président de la Fédération des Médecins Libéraux, Djamel Dib, lancent « La Transition », pour défendre la candidature d’une personnalité de la société civile afin de permettre « l’indispensable transformation de notre pays » : « Le sujet est désormais aussi simple que vital, il faut sauver la France », écrivent-ils sur leur site. « La sauver de l’immobilisme, d’une révolution ou d’une présidence extrémiste. Pour cela il faut que les Français se réapproprient leur destin. »

Sur les réseaux sociaux, un mouvement s’est lancé notamment via ce sigle en forme de T qui imite le drapeau français et a essaimé toute la journée de dimanche. Sur le site « L’Important », fondé par Claude Posternark, un vif plaidoyer rappelle que l’objectif n’est « pas de créer un nouveau parti politique ». Dans le JDD, il résume un peu plus la démarche et l’ambition de son nouveau mouvement, qui n’est « pas un parti politique comme les autres » : il s’agit de « bâtir un nouveau compromis historique » avec un nouveau « partage des richesses », alors que 6,586 millions de Français sont inscrits à Pôle Emploi. « On n’est ni de droite ni de gauche. On n’en a rien à foutre », prévient-il, avant d’admettre que le pari n’est pas gagné d’avance : « OK, je sais que cela ressemble à l’escalade de l’Himalaya par la face nord avec des tongs, mais on en surprendra plus d’un dans un an ».

Certaines propositions sont déjà présentées. Florilège : « Remplacer le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) par une baisse directe du coût du travail », « Porter la période d’essai du contrat d’apprentissage de 2 à 6 mois », « Démission de la haute fonction publique pour les élus » ou encore « imaginer un Serpent Fiscal Européen sur la base d’un taux d’imposition moyen des entreprises à 25% dans toute la zone euro ». Des « idées concrètes et applicables », qui sont également soumises au débat public.

Une traduction politique de ce bouillonnement d’idées ?

« La Transition » n’est pas la première boite à idées qui veut faire émerger des têtes et des idées nouvelles en politique. Récemment, Marianne racontait comment Philippe Noguès, député breton et frondeur du PS, avait claqué la porte de son parti pour lancer une organisation sous forme d’association : « Voix de gauche ». Il dénonçait alors l’attitude de ses anciens collègues : « La force d’attractivité du parti et la manière dont ils ont été amenés à leurs postes, leurs imposent presque de ne pas sortir des rails.« 

Réunissant Cécile Duflot et Pierre Laurent, le « Mouvement commun » de Pouria Amirshahi, député frondeur du PS, qui rassemble aussi ses collègues Laurent Baumel et Pascal Cherki, se veut, lui, carrément un « Podemos à la française », du nom de ce mouvement espagnol né en 2014 ; et qui veut faire « de la politique par le bas en s’appuyant sur les vrais gens. »

Si la démarche est différente de celles de Noguès et d’Amirshahi, certaines personnalités qui forment « La Transition » viennent également de la gauche. Claude Posternak est un vieil ami de la maire de Lille Martine Aubry, dont il a dirigé la campagne de communication pendant la primaire de 2011. Les deux se sont connus au cabinet de Michel Rocard quand celui-ci était à Matignon. Quant à Zohra Nitan, elle était la porte-parole de Manuel Valls, également pendant la primaire socialiste de 2011. En 2014, elle signait un pamphlet contre Cette gauche qui nous désintègreaux éditions François Bourin, qui eut un large écho médiatique.

Toutes ces initiatives, en plus de l’abstention record qui se fait jour à chaque élection, démontrent qu’un renouveau politique est possible. Et qu’une demande citoyenne existe pour faire émerger ces solutions nouvelles. Sauf qu’elles ont bien du mal à sortir du champ théorique et intellectuel. En Grèce, Syriza a bousculé la donne, avant de s’éteindre un peu une fois au pouvoir. En Espagne, Podemos et Ciudadanos (le parti des citoyens), une formation dirigée par Albert Rivera, ont recueilli de bons scores aux élections, compte tenu de la jeunesse de leurs mouvements. Mis à part « Nouvelle Donne », le parti de l’économiste Pierre Larrouturou qui a réuni 550 000 électeurs aux européennes de 2014, ce bouillonnement d’idées a encore du mal à trouver une traduction politique. « La Transition » parviendra-t-elle à le faire ? Réponse dans quelques mois.

 

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