Agnès Saal : c’est pas que ma faute à moi

Après huit mois de controverse, Agnès Saal, l’ancienne présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), exclue de la fonction publique pendant deux ans, dont six mois ferme, en raison de ses frais exorbitants de taxi – 40.000 euros – s’explique et met en cause tout le système de la haute fonction publique.

Après huit mois de controverse, Agnès Saal, l’ancienne présidente de l’Institut national d’audiovisuel (INA), a décidé de parler. Pour dit-elle, que sa « parole soit entendue. » Exclue de la fonction publique pendant deux ans, dont six mois ferme, en raison de ses frais exorbitants de taxi – 40.000 euros – Agnès Saal donne donc, dans le Monde d’aujourd’hui, sa version.

Et c’est d’abord tout le système que l’intéressée pointe du doigt. Si l’Etat met en effet à la disposition des « responsables du public ou du privé » de nombreux « avantages en nature : appartements de fonction, frais de représentation, de mission, de transport… », à « aucun moment », explique-t-elle, la machine administrative de l’Etat ne contrôle l’utilisation qui est faite de ces avantages. « Les processus de cadrage et d’alerte ne fonctionnent pas », conclut ainsi Agnès Saal, à qui personne n’est venu dire : « attention, les montants sont trop élevés, certaines courses semblent anormales… » Elle, de son côté, ne regardait pas le compteur tourner. Elle « travaillait« . Tout juste fait-elle ce mea culpa : « Je regardais mes parapheurs, mon téléphone… J’aurais dû exercer un auto-contrôle. Je ne l’ai pas fait.« 

Outre les procédures de contrôle, Agnès Saal rappelle soigneusement entre les lignes, combien ces pratiques sont, par ailleurs, généralisées. « Je ne déjeune pas, je ne dîne pas, je voyage peu à l’étranger, je n’organise ni réceptions, ni séminaires coûteux » argumente-t-elle, contrairement à d’autres responsables, – qu’elle ne nomme pas – qui, eux, sont toujours en poste et pas vraiment inquiétés. Agnès Saal aurait par conséquent payé pour tout le monde, alors qu’à son arrivée, elle a justement réduit « les frais » liés à son (ancienne) fonction à l’INA de 110.000 euros inscrits au budget en 2013 à 70.000 en 2015.

Un élément que déroule, plus loin, l’ancienne présidente de l’INA en allant cette fois jusqu’à évoquer une possible « instrumentalisation » de son cas. « Il n’est pas anodin, analyse-t-elle, que le scandale soit survenu après d’autres affaires comme celle des bureaux de Thierry Lepaon [qui a dû quitter le secrétariat général de la CGT en janvier 2015] ou de Mathieu Gallet [président de Radio France et prédécesseur de Mme Saal à l’INA, dont les dépenses font aussi l’objet d’une enquête]. » « Je suis devenue un dérivatif, un symbole, l’incarnation d’une trahison des élites », poursuit-elle sans pour autant nier sa propre « faute ». Une thèse notamment reprise par les soutiens de la haute fonctionnaire, qui dans une lettre adressée à François Hollande et que s’est procurée Le Point, regrettent que leur collègue et amie soit devenue une « victime expiatoire ».

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